Benitha Perciyal est une jeune artiste indienne du sud, vivant et travaillant à Chennai dans le Tamil Nadu (anciennement Madras et cinquième plus grande ville du pays), une situation géographique et politique complexe pour les artistes, dans un pays très centralisé autour de sa capitale au Nord du pays. Son atelier est installé dans le quartier de George Town au nord de la ville de Chennai. Nous étions nombreux à l’avoir remarquée à la Biennale de Kochi en 2014 « Whorled Explorations » commissionnée par Jitish Kallat.
Elle nous présentait alors une série de sculptures « odorantes » faites d’épices et parfums représentant le Christ et autres figures chrétiennes dans un dénuement extrême, inspiré par son séjour à Kochi et tous les parfums et épices de cette grande ville historique portuaire de la côte de Malabar. Chez Benitha, la foi est au centre de sa pratique artistique, elle lui procure force et authenticité, et ce détachement spirituel frappe le public, en soulevant le paradoxe d'un matérialisme excessif de nos sociétés modernes et plus spécifiquement de la société indienne corps et âmes soumise à la croissance. Benitha est animée par un fort désir de dialogue interreligieux et la Biennale de Kochi avait précisément invitée Benitha à explorer tous ces questionnements à la fois personnels et sociétaux. Très courtisée après la Biennale de 2014, Benitha a participé à la Biennale de Yinchuan, curatée par Bose Krishnamachari en 2016, et était récemment montrée au centre Pompidou (Paris) dans une exposition de groupe intitulée "Mémoires des futurs, Modernités indiennes", initiée par Catherine David.
Benitha a finalement choisi de rejoindre une galerie expérimentée et de renommée mondiale : "Nature Morte", (fondée par Peter Nagy et maintenant co-dirigée avec Aparajita Jain), l’une des plus grandes galeries indiennes, installée à New Delhi, qui lui a ouvert ses portes pour son premier solo indien. “There is no forgetting from the lips of the people” présenté au printemps 2017, confirme la force de son travail, et c'est l’occasion pour les « gens du Nord » n’ayant pu se rendre à Kochi dans le Kerala en 2014 de pouvoir découvrir son travail, treize sculptures dont dix présentes à la Biennale de Kochi. Parallèlement, la fondation Saat Saath Arts de Delhi a invité Benitha à participer au Sculpture Park au fort de Nahargarh dans le Rajasthan en fin 2017. Il nous tarde de voir Benitha de retour dans son atelier pour y créer de nouvelles pièces, et nous faire vivre son monde.