Larissa Fassler est une artiste canadienne installée à Berlin depuis près de quinze ans. Son atelier se situe dans le quartier Schöneberg, dans un immeuble abritant quelques 35 artistes, graphistes, historiens, architectes, sociologues, free lance et consultants.
Le travail de Larissa est constitué de dessins sur des grandes toiles, qui au premier abord ressemblent à des études de terrain, à des préparations d’architectes en vue d’apprivoiser les espaces et les êtres. Le travail de Fassler, comme le lieu qui l’abrite, se veut aux croisées de pratiques convergentes et divergentes.
En y regardant de plus près nous nous apercevons que les dessins s’emploient plus à décrire un monde, un lieu, des lieux en y montrant toutes les difficultés physiques et mentales que les architectures modernes engendrent sur les humains mais que les humains essaient de reconquérir dans une poésie urbaine, cimentée, forcée.
Tous ces “non-lieux”, qui servent souvent une idée comme celle du capital, même collaboratif ou du colonialisme, tentent pourtant de reprendre une liberté même éphémère.
L’humain y grave son passage, sa présence nécessaire et superflue ou tout contact est finalement proscrit.
Dans une tradition toute canadienne de L’art : un art public, dans son ensemble gratuit et dans des villes qui soutiennent leurs citoyens- artistes, le travail de Larissa Fassler nous ouvre les yeux sur nos passages qui semblent de plus en plus précaires et téléguidés par des enjeux qui ne nous concernent plus.
Initier des dialogues entre les mondes nous apparaît de plus en plus fragile, d’ou cette poésie des lieux sans fin, qui marque la fin de nos temps.
All pictures from © Larissa Fassler
Texte : Anne Maniglier