Hadassah Emmerich

 

Hadassah Emmerich est une artiste hollandaise vivant et travaillant à Bruxelles. (Nous nous sommes rencontrées à Molenbeek pendant la foire alternative poppositions de 2016 où elle exposait une série de dessins. )

L’atelier Hadassah se trouve dans le quartier de Saint Gilles, on y trouve des châssis, des tableaux, des dessins et beaucoup de pochoirs en vinyls entassés, ou plutôt comme archivés en prévision de futures pièces. On se croirait presque en fait dans un atelier de confection de mode, chez une couturière qui reviendrait sans cesse  vers ses anciens croquis…Regarder un tableau ou une série, ou un mur de l’artiste et la comparaison avec la couture s’arrête là…nous sommes transposés sur un ring ou les couleurs et formes s’harmonisent ou se repoussent entre des désirs et des  réalités, comme au milieu d’une jungle où on entendrait des oiseaux nous hurler de foutre le camp.
Le monde est quelquefois trop petit pour contenir l’énergie de l’artiste mais heureusement ses nouveaux projets, notamment institutionnels, lui permettent de se projeter autrement que dans l’enceinte parfois morose du white cube.
C’est ainsi qu’une commande de l’ambassade néerlandaise à Jakarta ( son père est indonésien)  lui permet de se lancer dans l’élaboration d’œuvres murales. Réalisée à partir de 2018, cette fantastique fresque réalisée en deux temps lui permet d’élaborer une nouvelle façon de travailler.
Comme elle le dit les débuts de ses oeuvres murales sont douteux, la logistique est mal gérée et les erreurs grossières et puis elle trouve la formule : l’énergie dans la conception, le travail en équipe, le travail avec des institutions, apprendre à produire et à déléguer plus pour ainsi se concentrer sur l’ensemble de l’œuvre.
Les pochoirs archivés deviennent peu à peu les pièces centrales, en tous les cas les axes, ils sont là pour aider les transitions de formes, pour créer un équilibre mais en même temps pour déstabiliser la peinture, la renverser et la challenger.
En 2021,  elle réalise à Centrale, une ancienne centrale électrique à Bruxelles.
The Harvest” (La récolte) une œuvre murale de 25 mètres explosive dans une exposition de groupe s’intitulant  : BXL Universel II: multipli.city. 
La même année, “ The inverted table” est montrée aux Pays Bas dans l’exposition « Trailblazers » , composée de cinq tableaux verticaux bordés par des vitrines aux verres colorés, où sont installés des re-collections de souvenirs d’enfance (textes, cartes postales, petits objets, pièces de monnaie, et photographies de voyages), et des documents empruntés au Palais Royal d’Amsterdam ou l’installation est par ailleurs visible.  Hadassah Emmerich a enfin atteint son but en quelque sorte en faisant de sa peinture une œuvre spatiale, accélératrice de sentiments picturaux.
Ces jours prochains ouvre “Beating Around the Bush # 7 : False Flat” au musée Bonnefanten de Maastricht. L’institution a décidé de présenter sa collection en différents épisodes où les différentes pièces dialoguent avec des interventions extérieures. Une nouvelle fois, Hadassah présente une ambitieuse pièce murale permettant la multivocalité des  formes et des contenus selon le souhait des curateurs du musée au sein de la collection.

 

 

All photos © Hadassah Emmerich © Benning&Gladkova; ©Niek Hendrix ©Maartje Fliervoet. ©Hugard & Vanoverschelde ©anne maniglier 

Texte : anne maniglier 

http://www.hadassahemmerich.com/