Anne Marie Finné vit et travaille à Bruxelles dans une maison-atelier. Diplômée de dessin à La Cambre et de gravure à l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek, l’artiste a fait du crayon graphite et du papier carbone ses médiums de prédilection.
Quelle que soit la taille de son support et l’emploi de tel matériau plutôt qu’un autre, le travail d’Anne Marie Finné appelle au silence et à l’observation minutieuse. L’on peut certainement dire de l’artiste qu’elle est peintre de paysage au sens noble du terme tel que définit par la hiérarchie des genres. En récupérant une multitude de reproduction de tableaux, des photographies, des cartes routières ou des cartes postales, l’artiste part de ces supports pour recréer des univers paysagers imaginaires voire édéniques. Sa série «Midi-après-midi» est donc inspirée par les paysages énigmatiques de Caspar David Friedrich, la grande fresque au feutre « 3 mètres 30 » a été élaborée patiemment au marqueur pigmenté sur plusieurs feuilles assemblées les unes aux autres.
3m30, marqueur pigmenté, 75 x 330 cm, 2017
3m30 (détail)
Depuis quatre ans, Anne Marie Finné travaille sur sa série « Vue générale » qui a récemment été présentée à La Cambre en octobre dernier lors des 40 ans de la création de son atelier de dessin (exposition Territoires). Ces paysages au graphite sur papier, qui semblent être disséqués patiemment, nous rappellent à la fois des paysages de montagne, les paysages en plein-air fréquentés par les paysagistes du XIXe et les paysages imaginaires traités par Hubert Robert et ses suiveurs. Les habitations d’alpage, les cours d’eau et les animaux de pâturage figurent en bonne place, l’humain semble absent pour ne pas troubler cette osmose idyllique.
Autre travail singulier de l’artiste, sa série des « Carbone » noir et rouge. Anne Marie Finné récupère, ou se fait donner, des boîtes de papier carbone utilisées jadis pour les machines à écrire. Les détournant de leur usage premier, l’artiste s’en sert comme support et médium, infligeant au fin papier des boursouflures, des stries ou des points secs grâce au crayon ou autre objet servant de stylet. Usant l’encre carbone jusqu’au bout, elle reporte cette encre si caractéristique sur un autre support. Ces transferts créent alors de nouveaux paysages abstraits.
Texte et photos © Clotilde Scordia